Budget Bachand - Les immigrants passent à la caisse
Les nouveaux arrivants subissent une hausse tarifaire de 85 %
La Presse canadienne 22 mars 2012 Québec
Après avoir mis les citoyens à contribution, voilà que le
gouvernement Charest fait passer les immigrants à la caisse. Québec
a décidé d'appliquer aux nouveaux arrivants le principe de la «juste
part» payée par chacun en leur imposant une hausse tarifaire de 85
%.
Le 1er avril, les travailleurs qualifiés qui veulent s'établir au
Québec verront le coût de leur demande de certificat de sélection
pratiquement doubler: il passera de 406 $ à 750 $. La mesure a été
annoncée discrètement dans le budget déposé mardi par le ministre
des Finances, Raymond Bachand.
La somme de 750 $ sera par la suite indexée annuellement. Elle
s'ajoute aux 550 $ qu'exige le gouvernement fédéral pour sa portion
de l'étude des dossiers.
Dans les documents budgétaires, le gouvernement explique que la
hausse permettra de mieux refléter le «coût réel» du traitement des
demandes et de «financer l'embauche d'employés supplémentaires par
le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles».
Il faudra voir si l'arrivée des nouveaux fonctionnaires permettra de
réduire de façon significative le nombre imposant de demandes qui
s'est accumulé au cours des dernières années. Selon le président de
l'Association québécoise des avocats en droit de l'immigration, Dan
Bohbot, on compte aujourd'hui pas moins de 85 000 dossiers en
attente, soit l'équivalent de quatre ans de travail.
Critères resserrés
Le bond du nombre de demandes s'explique principalement par la
décision du gouvernement fédéral de resserrer les critères
d'immigration en privilégiant 29 professions. Certains des candidats
exclus par Ottawa tentent leur chance au Québec, où les règles sont
différentes. L'Associated Press rapportait plus tôt cette semaine
que des Chinois apprennent le français dans l'espoir d'obtenir un
certificat de sélection du Québec, quitte à déménager ailleurs au
Canada par après.
Me Bohbot ne croit pas que la hausse des frais affaiblira
substantiellement l'engouement pour l'immigration au Québec. «On
s'attend déjà à ce que [les nouveaux arrivants] aient un minimum
d'argent quand ils viennent au Canada pour vivre pendant un certain
temps sur leurs économies, alors à mon avis, ça n'aura pas un impact
énorme, a-t-il souligné. Ce n'est pas ça qui va vraiment empêcher
des gens de vouloir immigrer au Canada ou au Québec.»
L'avocat avance même que le gouvernement québécois pourrait avoir
intérêt à imiter Ottawa et à resserrer ses critères d'admission afin
de réduire le nombre de nouvelles demandes.
Pour l'instant, la politique du gouvernement vise à augmenter le
nombre de travailleurs qualifiés formés à l'extérieur du Québec et à
faciliter leur intégration par divers programmes. Le but, qui est
loin d'être toujours atteint, est de faire en sorte que les nouveaux
arrivants puissent travailler dans leur domaine, s'ils réussissent à
s'adapter aux normes et pratiques définies par les ordres
professionnels québécois.
Cette année, entre 31 000 et 41 000 personnes devraient recevoir un
certificat de sélection dans la catégorie des travailleurs
qualifiés. La plupart d'entre eux seront par la suite admis au
Québec.
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